Acceptabilité sociale : sans oui, c’est non
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L’acceptabilité sociale existait bien avant qu’on en parle, mais elle portait simplement d’autres noms : conflit, controverse, opposition, crise, débat, appui populaire… Depuis une dizaine d’années, cet enjeu est au cœur des débats sociaux et politiques entourant les grands projets de développement, du Plan Nord à Énergie Est, en passant par l’éolien et le gaz de schiste. Mais qu’est-ce que l’acceptabilité sociale, au juste ? S’agit-il d’une nouvelle stratégie pour « fracturer le social afin de mieux l’exploiter » ? Que recouvre cette notion un peu fourre-tout ?
Bien que le gouvernement du Québec ait publié en 2017 des Orientations en matière d’acceptabilité sociale, le terme n’est à ce jour inscrit dans aucune loi. Dans la sphère publique, son utilisation évacue les nuances et tend à réduire les éléments du débat à des caricatures, ce qui mine la capacité d’agir des citoyen.ne.s et renforce le pouvoir des élites économiques et politiques.
Avec beaucoup de rigueur et une bonne dose d’humour, Pierre Batellier et Marie-Ève Maillé nous invitent à un exercice de déconstruction des dichotomies présentes dans le discours entourant l’acceptabilité sociale : les promoteurs et les opposants ; les « pour » et les « contre» ; les gens concernés et les opportunistes (ou la représentativité à géométrie variable); l’égoïste et le bon citoyen (ou le syndrome du « pas dans ma cour »); les faits et les opinions ; la rigueur et les émotions ; la majorité et la minorité ; le conflit et la paix sociale ; ce qui compte et ce qui se compte… sans oublier un angle mort important dans le débat : les femmes.
Il est grand temps de penser l’acceptabilité sociale des grands projets de développement autour du dialogue, de la confiance et du consentement collectif. Parce que, même en ce qui concerne le territoire, sans oui, c’est non…