Institut pour une écosociété

L’Institut pour une écosociété a été créé à l’été 1992 par un groupe de personnes préoccupées par les graves problèmes écologiques, économiques et politiques qui caractérisaient cette fin de siècle et qui menacent toujours la biosphère d’une destruction profonde et peut-être sans retour. Constatant la médiocrité du débat public, le groupe a décidé de mettre en place des instruments et des mécanismes qui favoriseront l’éveil, la réflexion, la discussion et l’action.

Les objectifs

L’Institut veut susciter un vaste débat public sur les grands problèmes de l’heure et sur les conditions d’émergence d’un nouvel humanisme et d’une société plus conviviale, plus démocratique et plus respectueuse des ressources de la biosphère, le but étant de favoriser l’avènement d’un nouveau modèle économique, politique, social et culturel.

L’Institut se veut partie prenante des grands courants sociaux qui combattent le productivisme, la surconsommation, les pouvoirs hiérarchiques et de domination.

Le constat de départ

La crise écologique qui depuis plusieurs années fait frémir l’humanité entière s’est avérée un puissant révélateur de nombreux autres problèmes, tous liés entre eux.

Ainsi, la crise économique, que des politiciens et des économistes myopes disaient cyclique et passagère, est en réalité structurelle et chronique, car elle est le revers d’une crise environnementale profonde. L’exploitation débridée des ressources menace de détruire les sources mêmes de la vie : l’eau, l’air, le sol et les forêts. Malgré ce constat, les décideurs continuent de croire que la croissance économique infinie constitue une solution aux problèmes des inégalités, du chômage et de l’exclusion. Un certain techno-scientisme renforce cette position en encourageant un développement tous azimuts et une surconsommation qui ne peuvent que conduire à la catastrophe. Car les ressources ne sont pas infinies et la planète est déjà saturée de déchets. Par ailleurs, il est navrant de penser que la prospérité des pays du Nord repose, en partie, sur le surendettement du tiers-monde et sur la production d’armement, et donc sur la violence et la destruction.

Cette économie de marché capitaliste, ancrée dans le productivisme et le court terme, creuse toujours davantage le fossé effarant entre riches et pauvres. La concentration des pouvoirs économiques, technocratiques et médiatiques, parallèlement à la dissolution du pouvoir public, empire encore la situation, dans la mesure où ils ne sont pas contenus par une plus grande démocratie à la base. Ainsi s’est nouée une crise politique qui n’est pas sans lien avec les problèmes déjà cités.

Certes, il existe des solutions à ces maux, mais force est de constater que la plupart des actions préconisées pour les résoudre se situent dans le court terme. Elles s’apparentent plutôt à des expédients et sont devenues la forme de gestion politique courante du système.

Une telle conjoncture invite à une profonde remise en question. Il importe de définir les bases d’une société plus viable qui saura articuler une démocratie plus près des citoyennes et des citoyens, une économie durable et endurable et une qualité de vie à la portée de toutes et de tous. Il ne s’agit pas de promouvoir une idéologie hégémonique, mais de revitaliser le débat public afin que prennent forme des systèmes de valeurs adaptés aux aspirations profondes de l’humanité.

Les balises

Les changements requis ne se produiront pas de façon spontanée et ne pourront non plus être imposés d’en haut. Les vraies solutions naîtront de la réflexion, de la discussion et de l’action. Déjà, parmi la population inquiète et trop souvent passive, des initiatives surgissent. Les gens veulent s’informer. Des idées de renouveau naissent. L’Institut pour une écosociété se propose de les diffuser et d’en susciter de nouvelles.

Face à une situation inédite, il n’existe pas d’idéologie toute faite qui puisse définir la voie à suivre. Aussi l’IPÉ propose une réflexion ouverte et dynamique. Mais comme toute réflexion suppose des principes et des choix de départ, les membres de l’Institut ont établi les balises possibles suivantes comme fondements de leur recherche :

  1. Répartition équitable de la richesse collective et du travail utile afin que tous et toutes aient accès à un minimum vital de biens et de services, de soins de santé et d’éducation, de dignité et de créativité. 
  2. Promotion d’une démocratie décentralisée, contrôlée par la base et enracinée dans les régions, les villages, les quartiers, les associations, les syndicats et les institutions économiques. 
  3. Promotion de rapports internationaux fondés sur le respect des différences, l’échange équitable, la coopération et l’appui à l’accumulation interne d’un capital géré et contrôlé démocratiquement à la base, voie vers l’autosuffisance économique et l’autonomie politique ; rejet d’une idéologie du développement qui favorise le surendettement et l’échange inégal et conduit à l’appauvrissement. 
  4. Promotion d’organismes internationaux garants de la paix, du droit et de la protection des écosystèmes dans le monde ; rejet de la guerre comme instrument de relations internationales. 
  5. Respect du patrimoine naturel dont l’humanité elle-même fait partie. 
  6. Respect de la diversité biologique, culturelle et sociale. 
  7. Option pour une économie respectueuse des ressources, fondée essentiellement sur l’initiative privée et comme simple moyen de la vie humaine, sur la coopération, sur l’entraide et sur la distribution équitable des richesses, régie non pas uniquement par les lois du marché, mais surtout par des institutions publiques gérées et contrôlées démocratiquement à la base et agissant dans l’intérêt du bien commun et des générations futures. Dans ce sens, les concepts de décroissance conviviale et d’écosocialisme représentent des voies à explorer. 
  8. Option pour une technologie qui tienne compte du potentiel de la biosphère, ce qui implique des limites et des choix de consommation, afin de répondre aux besoins essentiels de tous et de toutes, et non en fonction de la demande solvable. 
  9. Reconnaissance de l’apport essentiel des femmes dans la construction de l’écosociété et de la place qu’elle devrait occuper à tous les niveaux de la vie politique, économique, sociale et culturelle. 
  10. Reconnaissance du droit des premiers occupants de ce continent à leur identité et à leur culture, à l’autodétermination et à l’autosuffisance économique. 
  11. Promotion de l’action non violente pour la transformation de la société et, dans l’hypothèse d’un Québec souverain, option pour un pays démilitarisé et sans armée qui assurera la sécurité par une défense civile non violente.
Les moyens

Pour susciter et appuyer cet effort collectif de réflexion, d’échange, de dialogue et d’action, l’IPÉ a choisi de privilégier les moyens suivants :

La mise sur pied d’une maison d’édition, les Éditions Écosociété ; 

L’ouverture à des ententes avec des groupes et collectifs, formellement enregistrés ou non, qui partagent des objectifs similaires à l’IPE sur les enjeux d’éducation populaire. Ces ententes peuvent être en lien avec l’organisation de colloques, de conférences, de cours ou autres événements publics et pouvant comprendre un soutien financier de la part de l’IPE.

Les Éditions Écosociété

Depuis sa fondation, l’Institut a consacré le gros de ses efforts à la mise sur pied des Éditions Écosociété, dans le but de favoriser la production et la diffusion d’ouvrages qui engagent résolument le débat vers la définition et la réalisation de l’écosociété. Le premier livre a été publié en 1993 ; depuis ce temps, les Éditions ont publié plus de 300 titres couvrant un vaste éventail de sujets :

  • Globalisation de l’économie, enjeux de la décroissance conviviale et luttes altermondialistes ;
  • Politique locale, nationale et internationale ;
  • Écologie et renouvellement de la pensée politique, sociale et économique ;
  • Paix, non-violence et défense civile ;
  • Problèmes et défis de la vie urbaine ;
  • Évolution du tiers-monde et coopération internationale ;
  • Autosanté ;
  • Pensée féministe et rôle des femmes dans la société ;
  • Questions autochtones ;
  • Pensée libertaire ;
  • Défis de la ruralité.

Les Éditions sont gérées par un conseil d’administration qui comprend des employé.e.s permanent.e.s des Éditions et des délégué.e.s de l’IPÉ. Cette structure fondée sur l’absence de hiérarchie et sur la cogestion constitue déjà une expérience originale. Les Éditions sont aussi socialement très engagées et accordent une place privilégiée à leurs auteur.e.s, en leur permettant de siéger au conseil d’administration ou sur différents comités.

Les appuis nécessaires

Pour mener à bien ses projets et étendre son action tout en conservant sa pleine autonomie, l’Institut doit compter sur un appui et un financement populaires. Vous pouvez y contribuer de diverses façons :

  • en faisant connaître autour de vous les publications des Éditions Écosociété ;
  • en devenant membre de l’Institut pour s’y engager (voir ci-dessous).
Devenir membre de l’Institut

Pour être acceptée comme membre de l’Institut, la personne doit :

  • être proposée par un membre en règle de l’Institut ;
  • adhérer aux objectifs et aux orientations de l’Institut ;
  • être disponible pour participer au fonctionnement de l’Institut ou à l’une de ses activités ;
  • payer une cotisation annuelle de 25$.
Ses coordonnées :

Institut pour une Écosociété
C.P. 32052, comptoir St-André
Montréal (QC) H2L 4Y5