Le Collectif pour un Québec sans pauvreté, appuyé plus 200 professeur·es universitaires (dont Ambre Fourrier) et 350 organisations, publiait dernièrement une lettre ouverte appelant le gouvernement du Québec à étendre son nouveau programme de Revenu de base à l’ensemble des personnes assistées sociales. L’occasion de relire Le revenu de base en question, qui met de l’ordre dans l’ensemble politiquement disparate de mesures réunies sous cette appellation
Le revenu de base en question
De l’impôt négatif au revenu de transition
L’idée d’instaurer un revenu de base peut séduire au premier abord. Défendu à la fois par la gauche et la droite, le concept est cependant si élastique qu’il en est venu à chapeauter toutes sortes de propositions, parfois contradictoires. Allocation universelle, revenu minimum garanti, impôt négatif, dotation inconditionnelle d’autonomie : que se cache-t-il derrière ces diverses appellations ? Force est d’admettre que, selon qui s’en fait le promoteur, une telle mesure peut se révéler aussi bien une politique émancipatrice qu’un cheval de Troie néolibéral, une voie de sortie du capitalisme qu’un piège pour nous y retenir. Comment s’y retrouver ?
Cherchant à démystifier ce type de politique publique, Ambre Fourrier explore les questions que soulève la mise en place d’un « revenu » qui, selon une définition générique, serait « distribué à tous les membres d’une communauté politique, sur une base individuelle, sans contrôle de ressources ni exigence de contreparties ». Analysant les fondements idéologiques et les implications politiques de chaque option, l’auteure démontre que nous avons bien affaire à plusieurs modèles de revenu de base, qui diffèrent autant par le montant alloué que par l’étendue de leur programme. Comme quoi une idée simple en apparence peut rapidement se transformer en une multitude de possibilités.
Au moment où les propositions de revenu de base se multiplient dans l’ensemble du spectre politique, voilà un ouvrage qui nous permet d’y voir plus clair et de comprendre ce que nous aurions à perdre ou à gagner avec chacune des modalités retenues. Pour Ambre Fourrier, il est essentiel de faire du revenu de base une question politique qui transcende ses seules dimensions techniques ou économiques.