La poudrière du Moyen-Orient

La poudrière du Moyen-Orient

Washington joue avec le feu

et
Traduit de l’anglais Louis de Bellefeuille
Feuilleter en ligne

En 2006, le rapport annuel du département d’État américain faisait état d’une augmentation de 29% des actes terroristes ; une hausse en grande partie imputable à l’attitude historiquement impérialiste des États-Unis au Moyen-Orient. Washington se targue d’une mission démocratique qui devient rapidement ironique puisque son principal allié reste l’Arabie saoudite, régime particulièrement obscurantiste et autoritaire. À l’inverse, l’Iran, qui a une structure démocratique beaucoup plus avancée, reste la bête noire de Washington. 

Mais quelles sont les conséquences de tels paradoxes politiques ? Comment risquent d’évoluer les différents systèmes de pouvoir en présence ? Dans un dialogue réalisé en 2006, Gilbert Achcar et Noam Chomsky répondent à ces questions et à beaucoup d’autres. Ils examinent point par point les racines des déséquilibres et des conflits, tels que la guerre en Afghanistan et au Liban, le bourbier de l’Irak, le conflit israélo-palestinien, le rôle de la Syrie, de l’Iran, les implications des États-Unis, de la Russie, de la Chine et de l’Europe dans ces régions. Au-delà des questions géostratégiques, ils analysent les différentes formes de terrorisme, la montée des intégrismes religieux islamique comme chrétien, et l’état de la démocratie. 

Bien qu’autosuffisants en pétrole, les États-Unis interviennent dans la région afin de contrôler l’or noir et ainsi asseoir leur domination politique, militaire et économique sur un espace hautement stratégique dont dépendent l’Europe et l’Asie. Tandis que Washington soutient les régimes qui satisfont leurs intérêts géopolitiques, les nationalismes arabes séculiers, susceptibles de s’approprier leurs ressources pétrolifères, ont été affaiblis ou détruits — une position qui a laissé le champ libre à l’intégrisme religieux. Mais aux États-Unis comme au Moyen-Orient, le fondamentalisme détourne l’attention des citoyens des véritables enjeux, sapant le progrès social et le fonctionnement démocratique. 

Malgré la gravité et la complexité des situations exposées, la structure dialoguée rend l’ouvrage dynamique et facile à lire : Chomsky et Achcar s’accordent, se complètent, ou s’opposent parfois. On retrouve la plume sarcastique de Chomsky, sa grande connaissance de l’histoire politique américaine, alliés à l’expertise et l’analyse aiguisée d’Achcar sur la région. 

La poudrière du Moyen-Orient est un livre majeur pour comprendre les réels enjeux de cette région, un véritable antidote à l’amnésie politique. C’est surtout la rencontre entre deux intellectuels d’envergure qui explorent ensemble des solutions, dans un esprit de paix et de justice sociale.


Publié en France aux éditions Fayard.

Parution Canada 2007
Prix 28,00 $
Pages 376
ISBN 9782923165295

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