Kidnappé par la police
Préface de Serge Roy
En octobre 1970, en réaction aux enlèvements d’un diplomate britannique et du ministre québécois du Travail par deux cellules du Front de libération du Québec, le gouvernement du Canada invoque une « insurrection appréhendée » et proclame la Loi sur les mesures de guerre. Les autorités en profitent pour ordonner l’arrestation, sans mandat, d’environ 450 personnes, sous prétexte qu’elles seraient liées au FLQ.
Carrément kidnappées à leur tour, cette fois par la police, ces personnes n’avaient pourtant rien à voir avec les enlèvements ou leurs auteurs. Leur « crime » : être engagées dans des activités pacifiques visant l’indépendance du Québec et l’avènement d’une société plus juste.
Serge Mongeau comptait parmi ces prisonniers politiques. Ce livre constitue le journal de son séjour en prison. On y découvre, au quotidien, l’inquiétude qui rongeait tous ces gens arrêtés de manière brutale, sans raison apparente, pour une durée indéterminée, sans contact avec l’extérieur. Mais on y constate surtout la formidable solidarité qui les unissait.
La crise d’octobre a montré à quel point les libertés civiques sont précaires. Aujourd’hui, à l’heure où les gouvernements donnent de plus en plus de pouvoirs aux corps policiers afin, prétendent-ils, de mieux assurer la sécurité de la population, il est essentiel de se souvenir.
Le syndicaliste Serge Roy, lui aussi arrêté en 1970, signe la préface de cette édition de Kidnappé par la police. On trouve en appendice un dossier de presse sur le rôle ambigu de la Ligue des droits de l’homme et de son président pendant les événements d’octobre 1970.