Fracas s'entretient avec Anaël Châtaignier
Nouvelles 10 octobre 2024

Fracas s’entretient avec Anaël Châtaignier

Ostraciser le sabotage n’a pas rendu service à la lutte écologiste, selon Anaël Châtaignier. L’auteur d’Écosabotage, de la théorie à l’action (Écosociété, 2024) estime que les décennies d’efforts infructueux du mouvement climat ont démontré les limites du militantisme non-violent pour faire face à l’inaction climatique d’État. En parallèle, les rares désobéissant·es se sont heurté·es à une répression immédiate et sans précédent. Pour le militant et docteur en histoire de l’art, un tour d’horizon des précédents historiques du sabotage s’avère nécessaire pour rafraîchir les mémoires collectives et renouer avec une pratique qui, pensée stratégiquement, a fait ses preuves par le passé.

Comment caractérisez-vous la phase du militantisme écologique dans laquelle nous nous situons aujourd’hui, notamment en France ?

Nous sommes dans une phase intermédiaire de construction du mouvement écologique. J’entends par là la constitution d’un mouvement autonome, radical, et sur la durée, face à un système techno-industriel et ses relais étatiques destructeurs qui nous conduisent dans l’impasse. Un mouvement tel qu’on peut le voir sur la lutte contre l’A69 par exemple, impliquant de nombreux collectifs et sensibilités, avec une conscience de plus en plus forte et une acceptation de la diversité des formes d’action.

Diversité des formes d’actions, mais vous défendez surtout le sabotage dans votre ouvrage… 

Mon propos n’est pas de limiter la dimension créative dans les formes d’action ou dans les manières de faire collectif. Mais on ne va pas non plus réinventer l’eau tiède. Ce que je défends dans le livre, c’est qu’il y a de toute évidence une histoire et des modes d’action qui ont été perdus suite au retour de bâton répressif et au recadrage capitaliste et modernisateur des années 1980 – 90

Les sabotages ont été stratégiquement mis de côté et déconsidérés, alors qu’ils existent depuis longtemps et ont fait leurs preuves par le passé. On observe que ces formes d’action sont finalement récurrentes dans toutes les luttes depuis le XIXe et XXe siècle, qu’elles aient été ouvrières, paysannes, décoloniales ou écologiques. L’histoire regorge de gestes porteurs, de modes d’action et de savoir-faire très concrets que l’on peut trouver dans la lutte anti-nucléaire en France, mais aussi dans toutes les luttes décoloniales. Nous recouvrons simplement la mémoire des luttes.

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En lien avec le livre

Écosabotage

De la théorie à l’action

Anaël Chataignier

Et si l’écosabotage gagnait à faire partie de l’arsenal tactique des activistes du climat ? Une réflexion essentielle à la suite du monde.

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Écosabotage

En lien avec l’auteur·e

Anaël Chataignier

Agrégé et docteur en histoire de l’art, artiste et professeur de dessin, Anaël Chataignier milite au sein de différents collectifs de sensibilité écologique et/​ou anarchiste. Écosabotage est son premier essai.

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Anaël Chataignier