« Ce livre, c’est une entreprise de réconciliation entre la science et le militantisme. »
La revue Les libraires a réalisé une entrevue avec Bruno Dubuc, auteur de Notre cerveau à tous les niveaux, qui nous donne un aperçu du programme contenu dans ce livre original, qui secoue la science avec le militantisme, et vice et versa…
Votre livre se décline sous la forme de douze rencontres entre vous et votre alter ego, Yvon D. Ranger. Vous détenez une maîtrise en neurosciences et vous êtes vulgarisateur et rédacteur scientifique. Yvon D. Ranger est cinéaste et militant. Pourquoi était-ce si important pour vous de rassembler ces deux aspects de vous-même dans ce livre ?
La société est prompte à donner des étiquettes sociales. Lui et moi n’avons pas eu les mêmes, mais nous ne nous sommes jamais perdus de vue. Occuper un emploi au sein d’une université implique d’être tributaire de subventions, et donc d’avoir les pieds et les poings liés dans nos paroles et actions. Ce livre, c’est une entreprise de réconciliation entre la science et le militantisme. Les enjeux sont trop importants pour ne pas rassembler nos forces.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, nos biais cognitifs ne sont pas nécessairement négatifs. Vous rappelez qu’ils nous ont été utiles dans notre évolution. Vous insistez d’ailleurs sur le fait que nos déterminismes et nos prédispositions biologiques peuvent être modifiés. Comment est-ce possible ?
Pesant 2% de notre corps, le cerveau consomme 20 à 25% de notre énergie en tout temps, que l’on dorme ou pas. Que fait-il ? Il fait du ménage, il élabore des modèles du monde, il fait de la planification et de la visualisation mentale. Par exemple, je pourrais croire qu’une personne assise n’a pas de jambes puisque je ne les vois pas, mais un modèle mental me permet de penser qu’elle en a sans doute. C’est hyper simple, mais c’est ainsi qu’on saisit comment le cerveau travaille. On sait que voir un visage d’une autre couleur que le nôtre provoque en moins d’un dixième de seconde une augmentation de l’activité de notre amygdale parce qu’il perçoit une menace ; ce n’est pas notre faute, on n’est pas raciste ni xénophobe, c’est un vieux réflexe, hérité de notre passé. Ce processus nous éclaire sur ce que sont les biais cognitifs. Si on en prend conscience, on peut agir. On ne les annihilera pas, mais on va s’y adapter. Encore faut-il, cependant, qu’on apprenne ces notions. …Lire la suite !
En lien avec le livre
Notre cerveau à tous les niveaux
Du Big Bang à la conscience sociale
Bruno Dubuc
Voyage interdisciplinaire captivant qui fait le pont entre questions scientifiques et enjeux sociopolitiques et rappelle à quel point cerveau, corps et environnement forment un système indissociable.
En lien avec l’auteur·e
Bruno Dubuc
Détenteur d’une maîtrise en neurobiologie de l’Université de Montréal, Bruno Dubuc est vulgarisateur scientifique. Depuis 2002, il anime le site web Le cerveau à tous niveaux (www.lecerveau.mcgill.ca), une référence tant auprès du milieu scientifique que du grand public. Il fait aussi partie depuis 2014 du collectif derrière l’Upop Montréal, dont les activités s’inscrivent dans le sillage des universités populaires.