Saint-Camille, le pari de la convivialité
Préface de Bernard Cassen
Le développement des pôles urbains au détriment des zones rurales est une réalité depuis longtemps décriée. Les campagnes se vident, posant un véritable problème d’occupation du territoire. Et si l’avenir de nos régions passait par une nouvelle façon de penser la vie rurale et une plus grande prise en charge de notre destinée ? Depuis 25 ans déjà, la communauté de Saint-Camille a refusé l’inéluctable, retroussé ses manches et pris son avenir en main.
Afin d’enrayer la chute démographique, quatre habitants ont créé un fonds éthique de financement de proximité, le Groupe du coin. L’objectif : racheter des locaux inutilisés, les transformer pour en faire des lieux attractifs et rassembleurs, créateurs de services de proximité et susceptibles de ramener la population au village. C’est ainsi que le magasin général est devenu Le P’tit Bonheur, centre culturel et communautaire où l’on peut se retrouver pour déguster une pizza « maison » et voir un concert. Puis, c’est au tour du presbytère d’être transformé en coopérative d’habitation pour personnes âgées et en coopérative de soins et services, appelée La Corvée. ?Sans oublier la création d’un salon de diversification agricole pour organiser la relève agricole dans une perspective écologique, ou encore une coopérative d’habitation de 25 terrains, le rang 13, qui comptent parmi les nombreux projets qui animent St-Camille.
Ce ne sont pas les lieux qui font Saint-Camille, mais l’art de la convivialité, de l’accueil, un espace de concertation, incontournable, laissé ouvert à tous, et une capacité à se réinventer collectivement. Cette communauté a eu l’audace de penser un développement axé sur le bien commun. C’est en s’inspirant d’un modèle comme Saint-Camille que nos régions se réapproprieront la place qui leur revient et que le Québec retrouvera une vitalité démocratique.