Pour une philosophie de l’action et de l’emancipation
Ces dernières années, la philosophie est soudainement redevenue à la mode. En quête de sens, de spiritualité, nous nous tournions vers elle, quitte à ne considérer que son côté « philo-pop » trop souvent centré sur l’individu. Et pourtant, dans cette période d’incertitudes et de basculement du monde, est-il possible de repartir des fondements de la philosophie pour penser une action politique ? Sur quel héritage pouvons-nous nous appuyer pour réinterroger notre conception du monde ? Faisant suite à ses deux précédents ouvrages, Pierre Mouterde poursuit sa réflexion autour des fondements de l’action politique, en puisant cette fois-ci aux sources de la philosophie pour repenser notre société. En effet, nous sommes confrontés aujourd’hui, tout à la fois à une économie et une technologie extrêmement puissantes, et à la plus totale impuissance sociale, politique et culturelle. C’est dans cette tension entre puissance/impuissance que nous nous débattons à la recherche de repères et de solutions.
En étudiant les différents héritages et courants philosophiques passés, il réactualise certaines figures du savoir pour revendiquer une philosophie ancrée dans la vie. Il s’agit ainsi de recenser ce qui pourrait nous unir et nous redonner le goût d’agir ici et maintenant ; il s’agit aussi surtout de penser la connaissance dans son rapport à l’action.
Mouterde revisite certains penseurs, propose des balises conceptuelles, des problématiques fondamentales afin de définir ce que pourrait être une philosophie commune, une pensée collective qui nous aiderait à vivre et à affronter les « défis des temps présents ». Pour l’auteur, il est primordial de penser ce monde dans une perspective d’interactions sociales, d’enjeux collectifs et de sortir de l’individualisme prôné par le modèle néolibéral. Dès lors, l’auteur pointe cinq préoccupations majeures et en esquisse les enjeux philosophiques : la montée des inégalités, la rupture des équilibres écologiques, l’appauvrissement des « productions culturelles et symboliques » au profit des techno-sciences, le retour de la guerre « infinie » comme mode de résolution des conflits et l’étiolement des espaces de liberté individuelle.
S’appuyant sur Arendt, Benjamin, Gramsci, Rancière et Foucault, Pierre Mouterde préconise une philosophie ancrée dans le présent et soucieuse tout à la fois d’action et d’émancipation.
C’est en s’appuyant sur la philosophie que les humains pourront renouer avec une puissance perdue et pourront enfin « imaginer un monde dans lequel – selon la belle formule zapatiste – tous les mondes peuvent être contenus ».
Si vous vous demandiez encore à quoi sert la philosophie, voici un livre qui nous montre son rôle indispensable.