Petite traité utopiste
Le monde sera ce que nous en ferons
L’utopie est simplement ce qui n’a pas encore été essayé !
- Théodore Monod
Depuis la République de Platon jusqu’à l’abbaye de Thèlème de Rabelais, en passant par la société idéale de Thomas More, ou le phalanstère de Fourier, le terme d’utopie s’inscrit dans une longue tradition de pensée. Quand More inventa le genre littéraire de l’utopie, c’était avec l’ambition d’élargir le champ du possible. Pourtant, aujourd’hui, nous avons quitté le champ du possible pour ne garder que la dimension impossible de ce projet ; « utopie » est devenu peu à peu un concept obsolète qui fait fuir ou, au mieux, nous fait rire. Et si nous nous mettions à nouveau à imaginer une société idéale ? Et si nous redonnions au mot « utopie » sa dimension originelle, c’est-à-dire un projet politique ?
C’est ce que se propose de faire Jean-Pierre Gallou dans ce « Petit traité utopiste », dans lequel il présente son projet pour une nouvelle société. Basée sur l’homme et sur le don, sur la distribution des richesses et le libre-arbitre, cette organisation politique devra avoir un fonctionnement collégial (une démocratie directe et participative) qui permettra la gestion des biens communs. « L’économie sera alors véritablement l’organisation matérielle ayant pour seul objectif la satisfaction humaine, et cela sans aucun décret, ni aucune loi ou planification », écrit l’auteur dont la pensée s’inspire du fonctionnement des logiciels libres et du réseau Internet à ses débuts : « concevoir un système dit ouvert, réaliser les produits les mettant en œuvre et les diffuser gratuitement à qui le voulait. »
Pas d’État, pas de propriétaire pour réclamer un profit, pas de propriété privée non plus (au sens strict du terme, créatrice de rapports de domination) mais une propriété du droit d’usage et des biens communs à gérer collectivement, pas d’argent mais une société du don et de la coopération, voilà les bases pour imaginer une société idéale. « Le salut ne viendra pas d’un programme, d’une idéologie, d’un maître, mais de la construction par les hommes eux-mêmes de leur maison commune, la société. Le futur n’est pas écrit. Nous allons créer le nôtre. »