Mégalomanie urbaine
La spoliation des espaces publics
Préface de Marie-Michelle Poisson
Traduit de l’anglais Raynald Prévèreau
Au cours des dernières années, une nouvelle image extrêmement troublante de la ville est apparue : celle de la ville de « niveau international » où les activités et les centres d’attractions dominent au point de réduire la métropole postmoderne à un gigantesque parc thématique qui ne laisse aucun autre choix à ses résidants que celui de consommer.
Dans ce livre, Mark Douglas Lowes analyse les contextes économique, politique et culturel dans lesquels la ville de Vancouver use de son plus spectaculaire événement sportif professionnel — la course automobile du Molson Indy de Vancouver (MIV) — pour se construire une telle image. Mégalomanie urbaine a pour but d’explorer le rôle croissant que joue le sport professionnel dans les stratégies de croissance économique et culturelle des villes nord-américaines d’importance. Lowes défend la thèse selon laquelle des événements comme le MIV peuvent servir d’élément rassembleur efficace de la population contre l’idéologie de la ville de niveau international ; une idéologie qui tente de remplacer le citoyen par le consommateur comme point de référence de la vie urbaine.
Cette recherche exploratoire présente également les résultats d’une étude de cas sur la manière dont les membres d’une communauté de la ville de Vancouver ont mobilisé leur colère et leur opposition à la course automobile du Molson Indy jusqu’à réussir, non sans difficultés, à en empêcher la relocalisation dans le parc de leur quartier.
Dans un monde de plus en plus influencé par la culture promotionnelle, nous ne pouvons ignorer l’omniprésence, dans notre quotidien, des mégaprojets sportifs. En fait, le sport professionnel est devenu un des « derniers grands rituels publics de la culture de la fin du XXe siècle ».
Pour certains, les grands événements sportifs professionnels sont souvent une occasion de faire de l’argent pour les organisateurs, les commanditaires, les intervenants du milieu du tourisme, de l’immobilier et de la construction. Cependant, tout le monde ne partage pas ce point de vue promotionnel. L’auteur présente donc l’expérience de gens s’opposant au développement de mégaprojets sportifs de niveau professionnel et qui sont inquiets de la manière dont leur communauté se développe.
En ces temps où les communautés locales sont attaquées de toutes parts, célébrer ces occasions où les Canadiens agissent comme si leur communauté « leur appartenait à eux » et non aux promoteurs et à l’élite des milieux politique, culturel ou des affaires qui s’accaparent généralement le pouvoir d’une ville.