Lettre d’une musulmane aux Nord-Américaines
Depuis le 11 septembre 2001, dit-on, le monde a changé. Vraiment ? Un peu de la violence qui accable le reste de la planète a frappé le cœur du monde industrialisé, mais « comment expliquer que 3000 victimes américaines puissent causer tant de bouleversements et changer la face du monde alors que 800 000 victimes rwandaises n’aient même pas eu droit à une minute de silence de la part du monde civilisé, le Nord en l’occurence ? », s’interroge Zehira Houfani-Berfas.
Cette lettre est comme l’émouvant cri du cœur d’une mère qui ne peut accepter le sort réservé à ses enfants. Le témoignage lucide de l’une de ces innombrables victimes du pillage systématique du tiers-monde. Un appel à vraiment comprendre : « Derrière le discours de compréhension et d’acceptation des différences, l’Occident ne cesse de nous accabler par le mensonge et le dénigrement systématique de nos valeurs. »
Voilà un livre courageux qui ose nommer les atrocités par leur nom. L’auteure regrette son Algérie qu’elle a dû abandonner tellement la violence et la guerre civile y étaient intenables, et ose aussi voir son pays d’accueil, le Canada, tel qu’il est, de plus en plus distant de sa réputation. Mais pour cette femme engagée, qui a participé à la Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence, en octobre 2000, il ne faut pas désespérer : en se parlant, en s’organisant et en travaillant ensemble, les femmes et les hommes de bonne volonté réussiront à « restaurer le respect, la générosité, la paix, la démocratie, la tolérance et la solidarité, enfin toutes ces valeurs qu’on a expulsées des résolutions de la politique internationale ».