La nouvelle dictature d’Haïti
Coup d’État, séisme et occupation onusienne
Traduit de l’anglais Geneviève Boulanger
En 1804, Haïti est devenue la première république noire indépendante au monde issue d’une révolution d’esclaves. Deux cents ans plus tard, miné par le colonialisme et la violence, le pays a été placé sous occupation militaire onusienne dans ce qui prend la forme d’une toute nouvelle dictature : celle de la communauté internationale.
La nouvelle dictature d’Haïti retrace l’histoire récente du pays antillais, du coup d’État de 2004 jusqu’au tremblement de terre dévastateur de 2010 et ses suites. Lorsque le président Jean-Bertrand Aristide est chassé du pouvoir et poussé à l’exil en février 2004, le récit qui s’impose rapidement est celui d’un président élu qui s’est transformé en dictateur sanguinaire, terrorisant une population qui finit par se soulever pour le renverser, avec le concours de certaines puissances étrangères, dont les États-Unis, la France et le Canada. Un récit endossé par les dirigeants occidentaux et leurs relais médiatiques, mais également par bon nombre d’organisations progressistes. Or, comme le démontre avec brio Justin Podur, les faits font état d’une toute autre version, que seuls les partisans d’Aristide et quelques journalistes indépendants ont réellement mis de l’avant : celle de la déstabilisation et du renversement du gouvernement Aristide, et de la répression brutale dont a été victime le mouvement populaire qui l’avait porté au pouvoir.
Dévoilant la sombre réalité de la prétendue bienveillante occupation internationale, Justin Podur cherche à démontrer qu’en définitive, le déni de souveraineté est la cause fondamentale des problèmes d’Haïti. Car malgré la tenue d’élections, une officielle liberté de la presse et une aide humanitaire internationale d’envergure, le peuple haïtien n’est toujours pas maître de la gestion économique et politique du pays.