Désir, nature et société
L’écologie sociale au quotidien
Traduit de l’anglais Catherine Barret
Au-delà des questions de survie, l’écologie a beaucoup à voir avec le désir d’un monde qui ait un sens. Reprenant les concepts clés du naturalisme dialectique, de l’écoféminisme, de la psychanalyse et de l’anarchisme social, Chaia Heller s’emploie ici, de manière fine et intelligente, à repenser les notions de désir et de nature.
Mettant l’accent sur la nécessité de valoriser des rapports féconds entre les individus, les communautés et leur environnement, des rapports fondés sur des degrés divers d’interdépendance et de mutualité, des rapports rationnels et empathiques favorisant le déploiement des potentialités du vivant, de la société et des individus qui la composent, l’auteure propose d’orienter les luttes politiques vers la création d’institutions qui alimenteront des modes coopératifs de relations sociales et écologiques. L’idée d’Éros, ou plus simplement d’érotique, deviendrait la métaphore de l’aspect passionné, aimant, mutualiste et empathique des luttes et des rapports sociaux. Ainsi, on pourra concevoir l’évolution comme le désir de se développer qualitativement, de mener une vie plus créative et chargée de sens, et pas simplement d’accumuler du capital ou du pouvoir.
La revendication d’une société écologique ne peut se réduire à la protection d’une nature « pure », dont l’humanité serait étrangère, ni à la quête individuelle d’une meilleure qualité de vie. Au contraire, un tel programme suppose un désir social rationnel de donner une qualité à la vie de tous, désir qui, en fin de compte, ne peut être satisfait autrement que par une restructuration totale des institutions politiques, sociales et économiques.