Texte de Donella Meadows issu de Une planète trop peuplée ? Le mythe populationniste, l’immigration et la crise écologique de Ian Angus et Simon Butler.Donella Meadows a longtemps défendu le lien entre surpopulation et crise écologique grâce à la fameuse formule IPAT (Impact = Population x Abondance x Technologie). En 1995, elle a modifié son point de vue après avoir assisté à une conférence sur la politique mondiale en matière d’environnement. Nous reproduisons ici son texte, afin de contribuer aux débats nécessaires sur les mythes populationnistes.
Une planète trop peuplée ?
Le mythe populationniste, l’immigration et la crise écologique
et
Préface de Serge Mongeau
Traduit de l’anglais Marianne Champagne
La population mondiale devrait dépasser les neuf milliards d’individus en 2050, soit trois fois plus qu’en 1950, et certains voient dans cet accroissement démographique l’une des causes principales de la destruction environnementale. Mais y a‑t-il véritablement trop de monde sur Terre ? La crise écologique actuelle est-elle effectivement attribuable à une surpopulation ? Que se cache-t-il derrière cette idée malthusienne qui divise le mouvement écologiste depuis le début des années 1960 ?
Dans cet ouvrage extrêmement bien documenté, Ian Angus et Simon Butler déboulonnent de façon magistrale ce mythe populationniste qui a réussi à séduire autant des conservateurs de droite que des écologistes sincères. Chiffres à l’appui, les auteurs renversent cette grave erreur de diagnostic et démontrent avec rigueur et limpidité que les moyens prônés par les populationnistes – à savoir un meilleur contrôle des naissances (principalement dans les pays du Sud) et une réduction substantielle de l’immigration (dans les pays du Nord) – sont de fausses pistes pour protéger l’environnement. Rejeter la responsabilité des changements climatiques et des dégâts environnementaux sur les plus démunis de la planète participe tout simplement d’une écologisation de la haine.
S’inscrivant dans une perspective écosocialiste, Ian Angus et Simon Butler estiment que la cause première des problèmes écologiques actuels n’est donc ni la taille de la population ni l’immigration, mais le système économique et social qui repose sur une croissance perpétuelle et une consommation excessive. En niant cette réalité, les populationnistes masquent les vraies solutions, dédouanent les véritables vandales de l’environnement et font obstacle à la construction de mouvements écologistes forts.