Face à l'Anthropocène
Le capitalisme fossile et la crise du système terrestre
Ian Angus | Collection Régulière | 288 pages
Préface d'Éric Pineault | Traduit de l'anglais par Nicolas Calvé
La science est formelle: nous sommes entrés dans l'ère de l’Anthropocène, une nouvelle et dangereuse phase de l’évolution planétaire où l’action des humains est devenue la principale force géologique et qui se caractérise par une pollution généralisée, la hausse des températures du globe, la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes, la montée des océans et une extinction massive des espèces. C’est littéralement à une crise du système terrestre que l’humanité fait face en cette ère géologique inédite.
Dans cet ouvrage convaincant et bien documenté, Ian Angus comble le fossé entre la science du système terrestre et le marxisme écologique. Il étudie non seulement les dernières découvertes scientifiques concernant les causes et les conséquences d’une transition vers l’Anthropocène, mais également les tendances socioéconomiques qui sous-tendent la crise. Si le statu quo perdure, le présent siècle sera marqué par une détérioration rapide de notre environnement physique, social et économique : de larges parties du globe risquent de devenir inhabitables, allant jusqu’à menacer la civilisation elle-même. L’auteur rappelle cependant avec force que la responsabilité est bien inégalement partagée au regard de l’évolution du système: loin d’être la conséquence d’une prétendue nature humaine exploitant sans vergogne les ressources de la biosphère, la crise actuelle est plutôt le fruit des dynamiques d’un système particulier sur le plan historique, le capitalisme.
Face à l’Anthropocène offre une synthèse unique de science naturelle et sociale. Il illustre comment l’inexorable pulsion du capitalisme pour la croissance, alimentée par la consommation rapide des énergies fossiles qui ont pris des millions d’années à se former, a conduit notre monde au bord de la catastrophe. Pour l’auteur, survivre à l’époque de l’Anthropocène requiert un changement social radical, où nous devrons remplacer le capitalisme fossile par une nouvelle civilisation reposant sur des fondements écosocialistes.
Sommes-nous réellement dans une nouvelle ère
géologique ? En quoi cette hypothèse est-elle crédible ? L'Anthropocène
mérite-t'elle son nom ? Comment crise du système écologique mondial et
capitalisme fossile sont-ils intimement liés ? Ian Angus clarifie ces points, entre autres, dans une analyse limpide et clairvoyante, en mélant écologie et politique.
Librairie Vivement dimanche (Lyon)
Le 3e paragraphe de la préface d'Éric Pineault (p. 14) doit se lire comme suit:
L’histoire de la Terre se divise en unités chronologiques d’échelles diverses (éons, ères, périodes, époques, âges). Nous serions ainsi actuellement dans l’éon Phanérozoïque, commencé il y a 541 millions d’années, dont l’une des caractéristiques principales est l’apparition des premiers animaux terrestres et marins. Cet éon se divise en ères, l’actuelle étant celle du Cénozoïque, débutée il y a 66 millions d’années, à la suite de la disparition soudaine des grands dinosaures. Cette ère se divise elle-même en différentes périodes, le Quaternaire étant la dernière en date, laquelle se divise à son tour en 2 époques, soit le Pléistocène et l’Holocène. Le Pléistocène couvre la phase que nous appelons communément « l’ère de glace », alors que l’Holocène, époque dans laquelle nous serions théoriquement toujours présents, s’est amorcée à la suite du retrait des derniers grands glaciers, il y a de cela 11 000 ans environ.